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Sécheresse et irrigation : la ressource en eau n’est pas inépuisable !

La sécheresse est bien là et la Loire ainsi que l’ensemble des cours d’eau du Maine et Loire subissent un fort étiage qui s’annonce encore plus sévère dans les jours à venir. Le préfet de Maine et Loire annonce ce jour maintenir le niveau d’Alerte dans le val d’Authion qui prélève d’importants volumes d’eau en Loire pour l’irrigation,  alors que le niveau d’Alerte renforcée, au minimum, aurait dû être déclenché. Réaction de la Sauvegarde de l’Anjou :

Photo : Noémie Morel

Une sécheresse sévère et qui reviendra dans les années à venir

Après des mois de déficit de pluviométrie et un épisode de canicule fin juin, nos cours d’eau et la Loire connaissent un étiage sévère. « Les étiages, y compris sévères, sont un phénomène normal sur la Loire et ses affluents mais le changement climatique les rendront plus fréquents et longues  » indique Yves Lepage, président de la Sauvegarde de l’Anjou. Les milieux aquatiques souffrent aussi du manque d’eau avec des signes de dégradation nets, tel que développement d’algues tueuses (mort d’un chien s’étant abreuvé dans le Louet la semaine dernière, rappelant le douloureux souvenir de l’été 2017 avec 12 chiens intoxiqués par les cyanobactéries). Dans une période telle que celle-ci, il est indispensable de restreindre certains usages pour préserver une eau en quantité et qualité suffisantes.

L’eau une ressource précieuse en partage

La Sauvegarde de l’Anjou rappelle que les prélèvements en Loire pour l’irrigation de l’Authion sont, sur 6 mois, supérieurs à ceux réalisés à l’année par l’usine d’eau potable des Ponts-de-Cé qui dessert plus de 290 000 habitants[1]. De plus la Loire doit conserver un débit suffisant pour alimenter d’autres captages d’eau potable en Maine-et-Loire, Loire-Atlantique ou Vendée.  

Cette interdépendance aux eaux d’un même fleuve et le débat sur le surdimensionnement des prélèvements « Authion » sont des faits connus depuis des années. Les effets du réchauffement climatique s’y ajoutent avec un véritable bouleversement du cycle de l’eau : ces prochaines décennies les débits de la Loire vont s’effondrer avec une baisse prévisible de 20 à 50 %. Dès lors il est étonnant que les irrigants, soutenus par la FDSEA 49 et les Jeunes agriculteurs, se disent démunis quand s’annonce une crise aussi prévisible et qui ne pourra que se répéter.

L’intensification et la spécialisation de certaines productions agricoles montrent ici leurs limites : il est urgent qu’elles évoluent enfin pour mieux respecter le cycle de l’eau. « Il faut l’économiser par d’autres pratiques culturales ou des cultures plus adaptées comme le font déjà certains agriculteurs qui ont compris et intégré les défis du changement climatique » explique Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de La Sauvegarde de l’Anjou.

Une négociation, où, à la fin, c’est le préfet qui lâche et l’intérêt général qui perd

Pourtant le préfet a annoncé ce matin maintenir le niveau d’Alerte pour le val d’Authion s’appuyant sur l’article 18 de l’arrêté cadre étiage qui permet de déroger au cadre posé si des productions agricoles sensibles sont mises en péril. Mais comme le souligne Yves Lepage, « l’article précise bien en revanche que cela doit être fait dans un cadre concerté et collectif et limité au strict nécessaire de la survie des plantations, tout en limitant les impacts sur la ressource en eau. La concertation n’a pas eu lieu ou elle s’est réduite au seuls irrigants. Nous sommes scandalisés de voir que le prochain comité étiage est repoussé au 1er août. Le préfet fait tout pour donner temps et eau aux irrigants ; or, c’est l’intérêt général qui doit primer et non des intérêts privés ». Ce bassin a déjà bénéficié la semaine dernière d’un allègement réglementaire pour poursuivre les prélèvements dans la Loire. Il aurait déjà dû voir enclencher son seuil d’alerte renforcée où l’irrigation des grandes cultures est interdite. La sobriété était pourtant au cœur du précédent communiqué de presse du nouveau préfet : en la matière, les mots ne suffisent pas.


[1] En 2018 respectivement 23,57 millions de m3 pour l’irrigation contre 21,49 pour l’usine d’eau potable