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Révision de l’arrêté cadre sécheresse : le choix (hydro)logique de la station de Saumur pour l’Authion

Une consultation publique est en cours jusqu’au 26 juin 2020 quant à la révision de l’arrêté cadre sécheresse de Maine-et-Loire. Cette révision présente plusieurs enjeux et notamment concernant l’Authion, pour lequel le projet présenté préconise un changement de la station de référence qui est susceptible de fragiliser la disponibilité de l’eau pour les usages prioritaires et les besoins des milieux.

La rivière de l’Authion a la particularité d’être réalimentée par des prises d’eau en Loire, son débit naturel ne permettant pas de satisfaire les besoins en eau des irrigants installés sur le bassin. De l’eau est ainsi prélevée dans la Loire au niveau des anciennes communes de Saint-Patrice, Varennes et Saint Martin, pour se retrouver dans l’Authion et être prélevée par les usagers, majoritairement agricoles.

L’arrêté cadre étiage du Maine-et-Loire, qui instaure des restrictions d’usage progressives en fonction de débits seuils, a défini la zone d’alerte de l’Authion ainsi (en rouge sur la carte) :

Afin de déterminer à quel moment l’eau se raréfie dans le cours d’eau, et donc déclencher des mesures de restriction pour garantir la satisfaction des besoins prioritaires (alimentation en eau potable de la population, sécurité et salubrité publiques, besoins des milieux naturels), il est donc important de savoir où mesurer les débits témoins du fonctionnement du cours d’eau.

Jusqu’en 2019, en raison du lien entre l’Authion et la Loire, avec ses prises d’eau, la station de mesure utilisée pour la zone d’alerte de l’Authion a été la même que celle utilisée pour celle de la Loire (et définie par le SDAGE), à savoir la station de Montjean (cf. carte ci-dessus).

Avec la révision de l’arrêté cadre étiage du Maine-et-Loire, en juillet 2019, la station de référence pour l’Authion a été déplacée sur celle de Saumur, avec des seuils propres associés. Suite à la signature de l’arrêté, la zone d’alerte de l’Authion s’est rapidement retrouvée dans le rouge, avec le franchissement du seuil d’alerte début juillet et de crise mi-juillet. Face à cette situation, le préfet du Maine-et-Loire, plutôt que d’appliquer la réglementation qu’il venait d’adopter en interdisant les prélèvements non-prioritaires, a accordé une dérogation générale permettant la poursuite des prélèvements agricoles.

Pour la saison d’étiage 2020, l’État prévoit une modification de l’arrêté cadre, pour revenir à la station de référence de Montjean pour la zone d’alerte de l’Authion (consultation en cours jusqu’au 26 juin : http://www.maine-et-loire.gouv.fr/eau-et-milieux-aquatiques-r2143.html?page=rubrique&id_rubrique=2143&id_article=6916&masquable=OK).

Or, d’un point de vue de la cohérence hydrologique et de la protection de la ressource en eau potable, cette décision ne nous apparaît pas appropriée.

Pour une bonne gestion de l’eau, il est important de réglementer les quantités prélevées en fonction de ce qui est disponible à l’endroit du prélèvement pour satisfaire les besoins des usagers en aval, tout en laissant un débit naturel suffisant pour la vie des milieux aquatiques. Sur la Loire en amont de la station de Montjean, l’usage prioritaire qu’est l’alimentation en eau potable de la population est particulièrement bien représenté avec les usines de production d’eau potable de Saumur Val de Loire, Saint-Rémy-la-Varenne, du Thoureil et des Ponts-de-Cé (soit environ 369 500 habitants).

Sur la portion de la Loire concernée par les prélèvements transférés pour réalimenter l’Authion, c’est la station de Saumur qui permet cette gestion préventive, en mesurant les débits effectifs à hauteur des pompages de Varennes et de Saint Martin se situant juste en aval de la confluence (i.e. un apport d’eau supplémentaire) avec la Vienne (avant Varennes).

Au contraire, la station de Montjean est située plus en aval, et mesure le débit d’une Loire ayant profité de la réalimentation du grand bassin versant de la Maine, principal apport d’eau douce avant l’estuaire (entre 70 et 85% du total des affluents et entre 10 et 24% des apports totaux1) . Elle n’est donc pas représentative des débits de la Loire entre Saumur et Angers.

Ces raisons avaient conduit les pouvoirs publics en 2019 au changement de station initial. Nous avons donc demandé, et nous l’exprimerons de nouveau pendant la consultation, à ce que la station de Saumur soit maintenue pour l’arrêté de 2020, avec des seuils adaptés, afin que les usages prioritaires d’alimentation en eau potable et des besoins des milieux soient satisfaits.

1http://www.loire-estuaire.org/accueil/un-territoire/contexte-physique/apports-deau-douce