Le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) d’Angers Loire Métropole est un document majeur pour comprendre les évolutions de notre territoire. Il devrait refléter l’engagement des politiques locales au service de la transition écologique. La Sauvegarde de l’Anjou, consciente de cet enjeu, fidèle à a sa démarche constructive, a étudié avec attention ce document. Nous considérons certains volets plutôt satisfaisants (feu vert), d’autres à améliorer (feu orange), d’autres nettement insuffisants (feu rouge). Vous trouverez ci-dessous notre analyse pour trois volets parmi les plus importants : les arbres, la biodiversité et les déplacements
Feu vert sur l’inventaire des arbres remarquables
L’inventaire des arbres remarquables de la commune d’Angers prend en compte une grande partie de nos propositions, résultat d’un important travail de terrain des bénévoles de la Sauvegarde de l’Anjou. Le nouveau PLUi protège 759 arbres remarquables, dont 405 pour la seule ville d’Angers (au lieu de seulement 88 en 2017).
Il reste :
- à déployer la démarche d’inventaire participatif sur les autres communes de l’agglomération
- à respecter les dispositions du règlement du PLUi (les arbres remarquables doivent être préservés), ce qui n’est pas toujours le cas. Pour preuve l’action qu’a dû conduire notre association pour éviter la destruction de l’espace arboré reconnu de Sainte Anne aux Ponts de Cé.
- Co-construire rapidement une Charte de l’Arbre à l’échelle de l’agglomération
Feu orange sur la préservation de la biodiversité
Les surfaces de zones humides promises à la destruction pour permettre une urbanisation ont été réduites par rapport au projet présenté initialement à l’enquête publique : l’argumentaire solide des associations et la mobilisation citoyenne ont conduit à une diminution des surfaces de 35 hectares. C’est un soulagement d’avoir été in fine écoutés. Toutefois :
- Le PLUi approuvé se propose encore de détruire 19 hectares de zones humides.
- Un inventaire complet des zones humides à réaliser sur le terrain au niveau de l’ensemble de l’agglomération a été engagé à la suite de nos alertes. Dès sa finalisation, les nouvelles surfaces à protéger devront être intégrées : ces espaces essentiels pour le cycle de l’eau sont un patrimoine naturel riche de biodiversité.
- Rien n’est envisagé pour améliorer la fonctionnalité écologique des zones humides, notamment celles qui restent adjacentes à des zones urbaines et qui sont répertoriées dans le PLUi. Certaines zones humides qui ont fait l’objet de drainages sont déclarées à faible fonctionnalité écologique, ce qui est un prétexte à leur destruction et urbanisation, alors qu’une simple neutralisation du drainage aurait pu permettre de les réhabiliter. Le dernier exemple en date est celui du lotissement du Domaine de Rochebrune à Bouchemaine, où les prescriptions réglementaires de protection du reliquat de zones humides n’ont même pas été respectées par l’aménageur !
- De nombreuses zones humides sont isolées de la trame verte et bleue : beaucoup d’espèces spécifiques des zones humides ont besoin de pouvoir rejoindre d’autres espaces nécessaires à leur survie (bocages et espaces boisés notamment). C’est d’ailleurs une des principales fonctions de la trame verte et bleue : permettre le déplacement des espèces entre les différents lieux de vie (nourrissage, repos, reproduction …).
- Bien qu’ayant constaté de nombreuses discontinuités dans la trame verte et bleue, le PLUi n’envisage aucun plan d’action pour y remédier : une OAP (orientations d’aménagement et de programmation) spécifique de restauration des continuités écologiques aurait dû être prévue en conséquence. Le PLUi aurait dû programmer des moyens spécifiques humains (service ou équipe apte à faire réaliser des diagnostics, à négocier avec les gestionnaires locaux et à conduire des opérations) et des moyens financiers (même si de telles opérations de génie écologique ne sont généralement pas très onéreuses).
- Bien au contraire, le nouveau PLUi aggrave la situation. De nouvelles discontinuités sont créées dans la trame verte et bleue. C’est notamment le cas sur les communes de Loire-Authion (Brain sur l’Authion) et Longuenée-en-Anjou (Plessis Macé). En outre, dans ces deux cas, des zones humides fonctionnelles seront détruites ou perdront de leur fonctionnalité du fait de la proximité de l’urbanisation.
- La marche vers l’arrêt de l’artificialisation des sols est très insuffisante : il est nécessaire de limiter plus nettement la croissance d’occupation du territoire. Il faut stopper ces grignotages incessants d’espaces naturels et agricoles : la préservation de la biodiversité, la protection des milieux naturels et agricoles doivent désormais conditionner l’organisation du territoire et non être la variable d’ajustement comme actuellement. La priorité donnée au renouvellement urbain sur l’extension demande d’introduire vigoureusement des solutions nouvelles d’urbanisation (“urbanisme circulaire” et formes d’habitat adaptées notamment). Le coefficient de pleine terre, introduit par le PLUi est fixé à un niveau tellement bas qu’il risque d’être le plus souvent inefficient, voire contre-productif. Il sera trop aisé à respecter dans les zones UC (habitations périphériques) où les enjeux sont les plus forts. Dans ces secteurs urbains, les plus vastes et souvent les moins denses, la densification sans discernement peut faire disparaître l‘essentiel de la biodiversité en ville, alors que des formes d’habitat variées pourraient la pérenniser en cherchant à préserver et renforcer la nature en ville. Les règles d’urbanisme adoptées ne permettent pas de garantir cet équilibre alors que la pression à la construction immobilière s’intensifie.
Feu rouge sur les déplacements
A l’échelle de l’agglomération, les déplacements routiers sont les premiers responsables des émissions de GES (39 % du total des émissions GES à l’échelle de l’agglo) et de la pollution de l’air. C’est aussi le premier poste de consommation d’énergie (37 %).
Dans son avis sur le PCAET (Plan climat-air-énergie territorial), le Conseil de Développement a souligné qu’une des deux priorités incontournables était « d’aménager le territoire pour réduire les déplacements individuels et permettre d’organiser une offre efficace et attractive des modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle. »
Face à cet enjeu désormais partagé, le volet “Déplacements” n’est pas crédible en l’état : le PLUi affiche des objectifs ambitieux, mais il ne met pas en œuvre les moyens pour les atteindre, que ce soit dans le schéma des déplacements ou dans les projets.
Pourtant, le territoire développe un projet majeur : de nouvelles lignes de tramway qui vont entrainer un redéploiement du réseau global des transports en commun. Ce dernier doit être accompagné par un soutien affirmé aux modes de déplacements actifs (piétons, vélos) : aménagements de voirie, continuité des itinéraires, intermodalité, etc.
Autre enjeu prioritaire : la création de liaisons cadencées de transport en commun (type Busways) entre les pôles d’équilibre et le pôle central. Elles doivent accompagner le développement en dehors de la ville-centre – en même temps et non après – pour assurer leur desserte et l’accès aux services centraux des populations nouvelles. C’est notamment nécessaire pour y développer le logement social et pour ne pas rendre de nouvelles populations dépendantes de la voiture individuelle.
Le PLUi continue de laisser la plus grande place à la voiture en ville et aux modes motorisés de transport de marchandises, alors que les alternatives existent et sont de plus en plus nombreuses. Pour qu’elles aient un effet levier sur les enjeux rappelés ci-dessous, il convient de les encourager, de les sécuriser, de les organiser. C’est bien le rôle d’une politique publique de mobilité durable.
Les critiques émises par la Sauvegarde de l’Anjou dans l’enquête publique sur le schéma des circulations, sur le stationnement et sur l’insuffisante intermodalité, n’ont pas généré de réponse de la collectivité. Devons-nous en déduire qu’elle n’a pas de stratégie globale ?
Au contraire, des modifications apportées après l’enquête publique (Par exemple sur St Serge et la Baumette à relier avec les gares ferroviaires et routières, ou sur le devenir du MIN) ne sont accompagnées d’aucune proposition alternative permettant de faire de ces deux entrées de ville stratégiques des lieux pivots. Les habitudes de déplacement peuvent y basculer vers des modes alternatifs plus respectueux de notre avenir commun. La réalisation de ces pôles d’échanges réellement attractifs entre voitures et modes actifs est un enjeu majeur. Il convient de rapidement libérer notre imagination collective en la matière.
Il est urgent de reprendre un plan de déplacements urbains global et cohérent, à la hauteur des enjeux du réchauffement climatique, et d’engager sa mise en œuvre sans attendre le prochain PLUi.